De l'invisible au visible ....


 Vous vous souvenez de l'article sur le tableau invisible de Morthemer ?

Bien sur que oui !

Eh bien figurez-vous que l'article de votre blog préféré sur cette œuvre a connu un rebondissement inatendu: lisez plutôt le témoignage d'Isabelle Marques ! 

Il y a une dizaine de jours, alors que nous flânions au marché aux puces d’Albi (Tarn) où nous habitons, mon mari a vu un petit tableau (représentant peut-être une partie d’un corps de ferme avec une tour ronde) posé à même le sol sur le stand d’un des brocanteurs participant à ce marché. Mon mari y a reconnu le coup de pinceau, sinon d’un grand maître, du moins d’un artiste ayant probablement étudié la peinture et non dépourvu d’un certain talent. Nous avons essayé d’en savoir plus au sujet du tableau en interrogeant le brocanteur mais celui-ci n’a rien pu nous dire concernant l’artiste (la signature étant partiellement cachée par le cadre) ou la provenance de l’œuvre, seulement qu’il devait probablement dater du début du XXe siècle et le prix pour lequel il était prêt à s’en défaire. Nous avons décidé à ce moment-là de continuer notre chemin et sommes rentrés chez nous.  

Ce tableau avait pourtant fait une grande impression sur mon mari et nous en avons reparlé souvent les jours suivants, y compris avec mon beau-père, ancien professeur de l’histoire de l’art et lui-même artiste peintre. C’est pourquoi nous sommes retournés au marché aux puces samedi dernier avec l’intention d’en faire l’acquisition s’il était toujours là. Après un peu de marchandage, étape plus ou moins obligatoire dans ce genre d’endroit, nous sommes repartis, le tableau sous le bras. Très curieux d’en savoir plus, nous avons entrepris des recherches, un peu à l’aveuglette avec les éléments que nous avions. Tout d’abord, la signature :  






 


Sans connaître beaucoup d’artistes français de cette époque (mon mari et sa famille étant américains), nous avons essayé diverses possibilités (A. Caillou, A. Crillau, A. Caillan, A. Crillou, etc.), sans succès.  

Nous avons alors retourné le tableau à la recherche d’autres indices et c’est là que nous avons vu une inscription au crayon à papier qui nous avait échappé :  


 

En agrandissant l’image sur l’écran d’un ordinateur, nous avons pu déchiffrer (ou deviner) :  

Une cour au Château __ C__ill__x  

près  __zay (2 Sèvres)  

 

Sur une carte des Deux-Sèvres, après nous être égarés sur la piste de deux villes nommées Azay (Azay-le-Brûlé et Azay-sur-Thouet) et avoir visité virtuellement tous les châteaux de leurs environs…, nous avons finalement trouvé la ville de Lezay et, sur le site internet de la mairie, une référence à un château du Chaillou.  

Nous avons donc pu chercher directement le château du (ou de) Chaillou (ou Chailloux) près de Lezay dans les Deux-Sèvres et avons trouvé quelques photos suggérant que la toile en notre possession avait pu être peinte aux abords de ce château ou de ses dépendances.  


 

Un autre résultat de notre recherche nous a fait bondir de joie : le site d’Alienor.org qui référencie un « tableau - Une mare au Chailloux, dans les Deux-Sèvres/La mare du Rochereau, au château du Chaillou, à Chey (Deux-Sèvres) » peint par Albert Grillon ! Enfin, nous venions de découvrir le nom de notre peintre !  

Une comparaison des signatures de notre tableau et de celui de la mare nous a conforté dans l’idée que nous avions bien trouvé l’auteur de ce tableau.  


 

Il ne nous restait donc plus qu’à trouver de plus amples informations sur M. Albert Grillon. Chose plus facile à dire qu’à faire ! Dans la plupart des résultats de recherche, Albert Grillon n’apparait qu’en tant que père du plus renommé Roger Grillon, avec la simple mention qu’il était peintre et lithographe à Poitiers et que son deuxième prénom était Fulgence.  

Bien peu de renseignements jusqu’à ce que, après un certain nombre d’heures passées sur Internet, nous ayons la chance de trouver un lien vers votre blog. Et là, quel bonheur de pouvoir enfin en savoir plus sur la vie et l’œuvre d’Albert Grillon ! Merci Madame Burbaud pour votre travail de recherche et pour votre partage. Les Valdiviennois ont bien de la chance d’avoir quelqu’un qui comme vous, passionnée par l’histoire de leur ville.  

Pour en revenir au tableau d’Albert Grillon qui pourrait être intitulé « Une Cour au Château de Chailloux près de Lezay, Deux-Sèvres », nous ne l’avons pas vu dans la liste des tableaux mis en vente parue dans le journal de la Vienne de 1886. Donné ou vendu auparavant ? Conservé par sa famille ? Arrivé à Albi par quel chemin ? Beaucoup de questions qui seront peut-être l’occasion de futures recherches. 


Sources :

Photos et texte : Madame Isabelle Marques avec nos remerciements.

 

Commentaires

Articles les plus consultés