Il était une fois...
Se promener dans les rues d'un village c'est un voyage dans le temps. Pour peu que l'on prenne un instant, on peut observer les bâtiments qui, comme un murmure, nous rappellent les ans qui les ont vus naître.
Le logis de Saint-Martin-La-Rivière a toujours fait partie du paysage pour les Valdiviennois(es) d'aujourd'hui. La route principale le longe, nous passons à côté sans plus y faire attention. Il est là, rassurant et veille depuis tant d'années sur ses habitants....
Ah il pourrait en raconter des choses ! Des secrets chuchotés par les ancien(ne)s élèves aux prières des religieuses qui l'ont occupé. Il pourrait nous conter les doléances qu'a reçues René Moreau, notaire royal, ou le ravissement de l'Abbé de Larnay le découvrant si grand et si solide pour les petites élèves de son école congréganiste.
Le logis est un vénérable Monsieur dont on ne compte plus les siècles ... Mais le temps est élastique et si la pierre est témoin, le papier peut parler.
Le logis ne sait plus vraiment quand il est né, sa mémoire est un peu défaillante, il se souvient pourtant qu'il appartenait à Jacques Maurat, procureur fiscal du Marquisat de Lussac-les-Chateaux et de son achat par René Moreau un 25 octobre 1732. Eh oui cela indique que sa construction date d'avant 1732 : Voici un extrait de l'acte de vente....
Inutile de chausser vos lunettes, voici une transcription :
Contrat de vente consenti par Jacques Mourat et sa femme à René Moreau et sa femme moyennant 60 # de rente du 25 octobre 1732
Par devant les notaires … ont été présents en leurs personnes Messire Jacques Maurat, procureur fiscal du marquisat de Lussac le Château, Dame Michel (sic) Chenebault, sa femme, de lui bien et dûment autorisée à l'effet des présents, demeurant audit Lussac, paroisse de Saint-Maixent dudit lieu, lesquels, de leurs bonnes volontés ont ce jourd'hui baillé et arrenté et par ces présentes baillent et arrentent
à Messire René Moreau, notaire royal et procureur fiscal de la ville et baronnie de Morthemer et à demoiselle Marguerite Marie Clobat sa femme, aussi de lui autorisée, demeurant au bourg et paroisse de St-Martin-la-Rivière, présent et stipulant … ce à savoir tous et chacun les lieux … confrontés qui consistent premièrement dans un grand corps de maison, chambres basses et hautes, greniers par dessus, grange, cours, caves, celliers, … jardins, chènevières et charrières, tant au dehors que au dedans de la maison, deux pâtures (?), un puits à puiser de l'eau, étant ce joint et attenant ensemble, contenant le tout huit boisselées ou environ, et le tout situé au bourg du dit St-Martin, joignant du levant aux terres de la dame de St-Martin, du midi à la prectoture (pâture ???) et jardin de M. Jacques Moreau, sergent royal, du couchant tout le long du grand chemin de Chauvigny à Lussac à main senestre (gauche), dans lequel chemin les charrières qui y sont appartiennent à ladite maison, lesdites choses de plus tiennent et mouvant de la baronnie de Morthemer, à cinq sols de cent de rente noble féodale et foncière, portant foi juridiction faisant la déclaration qui en a été rendue par le dit sieur Maurat. Plus une grande pièce de terre contenant six boisselées ou environ, sise et située au Moyen Pineau, joignant du levant à la terre de Philbert Couture, de Jean Ga…, du midi et couchant à la maison Garetier et à la terre dépendant de ladite madame de St-Martin, du septentrion à l'allée d'ormeaux étant dans ladite mouvance de Morthemer. Plus un autre petit morceau de terre situé à la Grange à Balles, contenant demi boisselée ou environ, joignant du levant au chemin comme l'on va de la Chevrolière à Chauvigny à main senestre, du midi à la terre de René Couture … du couchant à la terre des héritiers de Philbert Courtois, du septentrion à René Desmoyeux. Plus un autre morceau de terre situé aux même lieu, contenant trois boisselées ou environ, joignant du levant au chemin susdite main, du midi à Louis Fauson, du couchant audit Moreau….
Merci à Mme Isabelle Champion descendante directe du Notaire Royal René MOREAU et à Mr Texier du Cercle Généalogique 86 pour leur aide quand à la traduction.
Le Logis a un trou de mémoire.... puis il se souvient en 1847 :
Dès
le 31 décembre 1847, M. l'abbé de Larnay expédiait au Père Catroux un billet de
six mille francs, de Mme Maige, le priant de hâter l'acquisition de Saint Martin-la-Rivière.
Le prix d'achat était de six mille francs; mais on n'en devait que quatre mille
huit cents au moment de la signature de l'acte, parce que la tante de M.
Coutant, Melle Babault, se réservait deux appartements dans la maison; le loyer
qu'elle était censée payer s'élevait à soixante francs, représentant un capital
de douze cents francs, qui devait rester entre les mains de la Congrégation
jusqu'à la mort de cette bonne fille, qui avait alors soixante-quinze ou
soixante-seize ans. Au moment de sa mort, on devait donner les douze cents
francs à M. Coutant.
Avec cet argent, M. de Larnay
achetait le 17 janvier 1848, de M. Louis Charles Coutant, propriétaire, et de
Mme Claire Viguier, son épouse, par devant maitre Gras, notaire à Poitiers,
l'immeuble occupé par les religieuses, à Saint-Martin-Ia-Rivière, avec
obligation de souffrir le droit de passage existant en faveur d'habitants du
bourg, au puits placé dans la cour.
Le 10 août suivant, M. et Mme
Coutant cédaient et transportaient à M. René-François Berger, la somme de douze
cents francs dont nous avons parlé plus haut, exigible dans les trois mois du
décès de Melle Marie Babault. Le Père Catroux avait dû se gêner beaucoup
pour trouver les six mille francs .....
M. l'abbé de Lamay ne tardait pas à songer
à
faire
passer la propriété de l'établissement de Saint-Martin à la Congrégation. Pour
cela, il passa devant maître Gras, notaire à Poitiers, le 3 septembre 1857, un
acte de donation de cet établissement, ainsi que de plusieurs autres, acquis
sous son nom, à condition de l'employer pour l'éducation de la jeunesse et le
soin des malades.
L'empereur Napoléon III ratifia
cette donation, le 12 novembre 1860, et autorisa la Congrégation à fonder
à
Saint-Martin
un établissement de Sœurs de son ordre. L'acte d'acceptation de la Supérieure
Générale, fut passé par devant maître Bouju, notaire à Coron, le 20 novembre de
la même année.
(Demande de l'acte en cours)
Après la mort de Melle Adeline
Maige, M. Delauzon, notaire à Chauvigny, écrivit à la Supérieure Générale, le 4
février 1864 : "J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que, par un
testament olographe, en date du 17 octobre 1863, déposé en mon étude par une
ordonnance de M. le Président du Tribunal de Montmorillon, en date du 3 de ce
mois, Melle Adeline Maige, décédée à Saint-Martin-la-Rivière, le 29 janvier dernier,
a légué à Mme Félicie Durousseau, sa mère, épouse de M. Gustave
Cluzeau, tous ses capitaux, à la charge
1°/ de payer à votre Communauté, une somme de six mille francs que vous
devait la testatrice;
2°/
Et de donner à la même Communauté une somme de huit mille francs dont les intérêts
devront servir à l'entretien des Sœurs de votre Congrégation établies à Saint
Martin-la-Rivière. La testatrice a exprimé le désir qu'une de ces Sœurs
visitât les malades.
Le legs de cette somme de huit mille
francs doit être autorisé par le Gouvernement; veuillez, Madame, vous charger
du soin d'obtenir l'autorisation qui vous est nécessaire."
D'autre part, Mme Cluzeau,
légataire à titre universel, annonçait à la Supérieure Générale,
qu'elle tenait à sa disposition les six mille francs, contre le billet de même
valeur signé par Melle Maige, sa tante, et qu'elle faisait des recherches pour
retrouver les parents de cette demoiselle dans la ligne paternelle, afin d'obtenir
leur acquiescement aux dispositions testamentaires. Elle la priait en même
temps de lui laisser à titre de débiteur, la somme de huit
mille francs. Ce capital produit aujourd'hui 1895....une rente de trois cent
cinquante et un francs, sur l'Etat français, immatriculée au nom de
l'établissement.
Le 3 mai 1858, l'on avait ajouté à l'immeuble
trois pièces de terre formant une contenance d'environ vingt-neuf ares, situées
au lieu dit le Roc à Catellot, achetées du sieur Louis
Desmazeaux, cultivateur, et de Louise Métayer sa femme, au nom de la
Congrégation des Sœurs de la Charité du Sacré-Coeur de Jésus, et dans le cas
où cette Congrégation n'accepterait pas, à Madame Elisabeth Ricault, en religion sœur
Virginie, religieuse de la dite Congrégation; moyennant la somme de six cent soixante
francs.
Le 16 novembre suivant, la même
religieuse achetait, environ dix ares de vigne, au lieu dit les Sachères ou les
Roches, au prix de deux cents francs. Ces différents terrains deviennent la
propriété d'une société tontinière formée entre religieuses par un acte de
vente consenti devant maître Boyer, notaire à Poitiers, le 7 décembre 1871.
Voilà une partie de l'histoire du Logis...laissons ce vénérable bâtiment se reposer....Quand on a plus de 3 siècles, la mémoire est difficile à rattraper.... Bientôt peut être le chuchotement du temps reviendra nous conter la suite...
Sources :
Archives de la Congrégation des Filles de la charité du Sacré-Coeur de Jésus
Archives Départementale de la Vienne
Cercle généalogique 86
Archives personnelles
Geneanet
De plus en plus passionnante cette histoire et manière très vivante de la conter.
RépondreSupprimerMerci beaucoup...
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